Lettre d’un étudiant aux enseignant.es du supérieur de la faculté des Lettres

Où es-tu ?!

Cette question te semble audacieuse, tu as probablement autre chose à faire que de te faire tutoyer par un étudiant ?

Pourtant la litanie du supérieur n’est-elle pas la même que dans le secondaire ?

« les élèves ne s’intéressent à rien », « ils sont passifs et n’ont pas de réel intérêt pour nos cours », « leur niveau est de plus en plus inquiétant ». Ne l’as-tu jamais pensé ?

Et pour aujourd’hui, alors que nous nous intéressons à tout, que nous sommes enfin devenus actif pour entrer dans l’enseignement vivant et que nous n’attendons que tes lumières, vous restez chez vous !

Cela fait plus de trois semaines que des étudiant.es organisent des cours avec quelques professeurs pour aiguiser l’esprit critique si cher à tes sciences sociales et c’est à ce moment que tu es absent.e ?

Vous vous êtes déjà fait avoir par la L.R.U, vous savez que la recherche est en train de devenir un produit, vous vivez la transformation de chercheur en science sociale à chercheur de financement et vous ne faîtes rien ?

Au pire vous êtes des lâches, au mieux vous êtes inconscients du monde que Macron vous impose.

Quel professeur d’histoire ne voit pas que l’enseignement supérieur comme l’ensemble du service public est attaqué par la logique de rentabilité depuis 30 ans ?

Quelle professeur de sociologie ne comprend pas l’élitisme des réformes en cours ?

Quel professeur de langue n’entend pas le jargon néolibéral supplanter celui de nos libertés ?

Quelle professeure de littérature ne voit pas s’écrire une page d’affront fait aux recherches non-rentables par la mise à mort des petites filières ?

Quel professeur de psychologie n’analyse pas l’individualisme qui nous enferme ?

Quelle professeur de philosophie ne comprend pas que la sagesse se trouve aujourd’hui dans l’engagement et non plus dans la passivité ?

Professeur, tu m’as fait rêver, j’ai quitté les bancs du lycée technologique où j’ai pleuré devant mes devoirs de mathématique pour que tu m’apprennes ce qu’est le monde. J’ai grandi grâce à toi, j’ai écouté tes cours sur les révolutions dans mon pays, tu m’as fait voyager avec la géographie, tes options de socio m’ont appris à critiquer, ta philosophie m’a donné envie de te ressembler…

mais aujourd’hui, alors que je ne fais qu’appliquer ce que tu m’as enseigné, tu n’es pas là.

Peut-être est-ce le syndrome des enfants qui grandissent que de dire un jour à ceux qui les ont éduqué :

Bouge toi, j’ai besoin de TOI !

Un étudiant en science social.

59 réflexions au sujet de « Lettre d’un étudiant aux enseignant.es du supérieur de la faculté des Lettres »

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  2. Retourner travailler, laisser vivre mes honnêtes gens. Mort au bolchevisme.

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