Paroles de jeunes cinéastes, le 17 avril 2018, à Nancy

Bien que ce soit souvent oublié, l’université de Lorraine a une branche audiovisuelle. L’IECA (Institut Européen du Cinéma et de l’Audiovisuel) est un petit bâtiment près du conservatoire, régi par un directeur. C’est dans ce lieu qu’on essaie de construire à travers notre médium de création, nous étudiant.es de l’université de Lorraine. Aujourd’hui, nous prenons la parole. Nous sommes contre la loi ORE et son monde, contre l’externalisation et le dézinguage du service public, contre la sélection et son marché concurrentiel, contre la précarité des professeur.es, des étudiant.es, des petites mains qui font fonctionner l’entreprise du monde salarial. Et c’est pour cela qu’un blocage de l’administration et une occupation ont été envisagé-es. Le directeur de l’IECA a décidé de fermer ce lieu, nous le regrettons et espérons que dans les jours à venir l’IECA puisse devenir un lieu de lutte supplémentaire à Nancy.

La fac était déjà bloquée, par le conseil d’administration !

« Pourquoi on est dans la mouise à l’université de Lorraine » expliqué en moins de cinq minutes

En 2007, la loi LRU (pour Libertés et Responsabilités des Universités) a été adoptée. C’est un nom qui sonne bien, un peu comme la loi ORE aujourd’hui (pour Orientation et Réussite des Etudiants). Ben oui, il faudrait être complètement fou pour être contre la liberté et la réussite, non !? Ah, com’ politique et éléments de langage quand tu nous tiens ! Mais intéressons-nous plutôt au contenu de la LRU. Derrière ce joli nom se cache ce que l’on a appelé l’autonomie des universités (ah l’autonomie, l’indépendance, encore de beaux termes qui sonnent tellement bien). Pour faire simple, avant 2007, le ministère était responsable du budget et des emplois et les universités s’occupaient principalement d’enseignement et de recherche. Leurs missions de base donc. Depuis 2007, le ministère leur verse des sous et leur attribue des emplois et c’est à l’université de faire ses propres arbitrages pour équilibrer le budget. Formidable ! La liberté, la responsabilité ! Les universités vont enfin pouvoir faire leurs propres choix au bénéfice des étudiants. Continuer la lecture de La fac était déjà bloquée, par le conseil d’administration !

Communiqué des personnels BIATSS, enseignant.e.s et étudiant.e.s mobilisé.e.s

Lundi 16 avril, Amphi A042, Campus Lettres,

Nous, personnels BIATSS, enseignant.e.s et étudiant.e.s mobilisé.e.s rassemblé.e.s en assemblés avons voté le communiqué suivant :

Nous constatons l’incohérence répétée des mails du Président de l’Université. Mardi 10 avril, nous avons reçu un mail de la présidence nous prévenant d’une fermeture administrative « imminente ». Les personnels, enseignant.e.s et étudiant.e.s en lutte sont restés sur le campus dans l’expectative de nouveaux événements et pour certain.e.s, avec la crainte d’une intervention policière. Rien n’est venu. Vendredi 13 avril, nous recevons un mail nous prévenant d’une fermeture du campus un jour plus tôt, pour le week end, vendredi à 17h et pas samedi comme en temps normal. Ce mail avait pour but de faire croire à tout le monde que le campus CLSH (faculté de lettres) entrait en fermeture administrative, or ce n’est absolument pas le cas. Aucune décision en ce sens n’a été signée, les personnels sont appelés à travailler et viennent travailler, les locaux sont ouverts y compris l’administration, tout se déroule comme depuis le début du mouvement. Il s’agit seulement d’un effet d’annonce. Effet d’annonce suivi d’un certain nombre de tentatives d’entraver la vie du campus :
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Il n’y aura pas de sélection ? Ah bon !?

« Il n’y aura pas de sélection », c’est la dernière déclaration à la mode en ce moment : Frédérique Vidal, publicité gouvernementale, articles ou encore dans la bouche des anti-blocage. On accuse les vilains bloqueurs de ne pas avoir lu correctement la loi.

Et si on expliquait tout ça une bonne fois pour toutes ?

A la question, de la sélection : oui oui et re-oui il y aura bien une sélection. Continuer la lecture de Il n’y aura pas de sélection ? Ah bon !?

On est allé à la CN-neu-neu pour que vous n’ayez pas à y aller

Camarade ! Je n’apprends rien à personne lors que je dis que des choses se passent un peu partout en France au sujet de la loi ORE (mais si tu sais, cette loi vide au sujet de la sélection), mais pourquoi pas réunir toutes ces initiatives individuelles et locales pour en faire un mouvement commun et cohérent ? Lumineux ! On retrouverait toutes les facs en lutte, chacun-e pourrait s’exprimer, de manière égale, indépendamment de son appartenance à un parti ou un syndicat, avec des débats profonds et animés. Mais voilà, dans la réalité c’était un fiasco total et ça n’a abouti à rien. Continuer la lecture de On est allé à la CN-neu-neu pour que vous n’ayez pas à y aller

Lettre d’un étudiant aux enseignant.es du supérieur de la faculté des Lettres

Où es-tu ?!

Cette question te semble audacieuse, tu as probablement autre chose à faire que de te faire tutoyer par un étudiant ?

Pourtant la litanie du supérieur n’est-elle pas la même que dans le secondaire ?

« les élèves ne s’intéressent à rien », « ils sont passifs et n’ont pas de réel intérêt pour nos cours », « leur niveau est de plus en plus inquiétant ». Ne l’as-tu jamais pensé ?

Et pour aujourd’hui, alors que nous nous intéressons à tout, que nous sommes enfin devenus actif pour entrer dans l’enseignement vivant et que nous n’attendons que tes lumières, vous restez chez vous !

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Mai 68 c’était bien mais 2018 ce sera mieux

« Inévitable référence pour la jeunesse espérant, Mai 68 est pourtant une vieille personne qui raconte une histoire grisonnante. Elle est le dernier souvenir de lutte qui a transformé notre société, un chaînon de liberté entre les maquis de la seconde mondial et le désert néoliberal que nous vivons. Quiconque a eu la chance de parler à ses aïeuls sait combien cette guerre a été la matrice idéologique des peurs que nos parents nous ont transmis: Le refus maladif de toute violence, la peur de l’engagement idéologique et la volonté des anciennes de nous resservir 3 fois des haricots pour que nous n’ayons jamais faim sont des conséquences de nos histoires familiales.
Mon arrière-grand-père maternel était maquisard. Nous l’avons toujours su.
Mon arrière-grand-père paternel était collabo. Je l’ai appris cette année. Continuer la lecture de Mai 68 c’était bien mais 2018 ce sera mieux