Communiqué du 8 Avril 2018 des étudiant·e·s en lutte

Cher·e étudiant·e, usager·ère·s du Campus de Lettres et Sciences Humaines,
Les étudiant·e·s en lutte ne reconnaissent pas la consultation émise par M. MUTZENHARDT et appellent à un boycott pur et simple de cette action profondément anti-démocratique, voilà pourquoi :
Tout d’abord, nous tenons à rappeler la définition même d’une Assemblé Générale : « L’assemblée générale est considérée, à défaut de précision dans les statuts, comme l’organe souverain de l’association (ici du mouvement étudiant). A ce titre, elle est seule compétente pour décider des actes essentiels de l’association »(1) . Ainsi, la tenue de cette consultation n’ayant pas été proposé en assemblée générale, peu importe son résultat, il ne sera pas pris en compte, car jugé illégitime par les étudiant·e·s en lutte dont les actions dépendent des décisions prises en AG.

Nous dénonçons également les modalités de ce vote, consultatif certes, mais vote tout de même. En effet si le vote électronique, par internet plus précisément, n’a pas été adopté à grande échelle c’est parce qu’il comporte plusieurs problèmes majeurs :
« Il y a possibilité de fraude si l’avis de convocation de l’électeur, qui contient un mot de passe unique permettant de voter, est intercepté. Dans le cas où le vote ne se fait pas en personne, il est plus difficile de vérifier l’identité réelle de l’électeur. »(2).
« Recomptage impossible contrairement aux bulletins physiques, les votes électroniques ne peuvent pas être recomptés manuellement. Avec le vote électronique, il n’y a pas non plus de dépouilleurs ou d’observateurs électoraux qui agissent en tant que groupe et se contrôlent mutuellement pour s’assurer que le processus de vote se déroule sans heurts. Les citoyens doivent faire aveuglément confiance au système de vote électronique. »(3). Aucun re-comptage possible, accès de l’administration à tous les numéros étudiants… Cela semble-t-il réellement sûr et protégé contre une potentielle fraude ? « Un vote n’est démocratique que s’il peut être contrôlé par n’importe quel citoyen. Seulement là où les suffrages sont exprimés électroniquement, ce sont des systèmes informatiques et des informaticiens qui effectuent les vérifications et disent que tout va bien. Le vote n’est plus démocratique mais technocratique »(4).
Nous déplorons l’absence d’informations au sujet des modalités de vote, prise en compte des vote blancs, confidentialité etc. En effet, M.MUTZENHARDT fait voter dans des conditions parfaitement opaques, les soutiens à un mouvement de désobéissance civile, sans certitudes de confidentialité ni garanties d’anonymat. Aucun·e des votant·e·s qui rentra donc son vrai nom et son vrai numéro étudiant n’aura la certitude d’une réelle confidentialité, poussant ainsi les étudiant·e·s en faveur du blocage à ne pas s’exprimer. Ce peut être vu un moyen de faire pression sur les étudiant·e·s et de manipuler l’issue du vote.
Nous dénonçons la décision de Pierre MUTZENHARDT, président de l’Université de Lorraine, d’envoyer ce mail un vendredi matin pour un vote le lundi suivant rendant ainsi impossible l’organisation et la tenue d’une assemblée générale ou d’une réunion publique permettant discussions, débats et réflexions sur la tenue du vote. Selon John RAWLS, philosophe américain, « En définitive, le concept fondamental d’une démocratie fondée sur la délibération est le concept de débat en soi. » (5). Cette notion a d’ailleurs toute son importance compte tenu de la corrélation significative entre la médiatisation d’une idée ou d’un parti et le pourcentage des suffrages exprimés. Cette corrélation est très forte : une ligne parfaite aurait un coefficient de 100 %, celle-ci a un coefficient de 90 % pour les élections présidentielles et européennes de 2012 et 2014 (6).
Le terme « consultation » est assez flou, dans le cas où le résultat serait en faveur du blocage, le président pourrait tout à faire prétexter que ce n’était qu’un sondage qui recueille les opinions. Dans le cas contraire, il pourrait appuyer la légitimité de cette consultation, qui deviendrait soudainement un vrai vote. Lorsque l’Est Républicain l’interroge sur quelle serait sa décision si le blocage se poursuivait malgré une majorité favorable à la reprise des cours, « Je verrai » répond Pierre MUTZENHARDT.
De plus, sa décision d’exclure les doctorant·e·s du vote (qu’il sait plus impliqués politiquement), sous prétexte qu’ils sont alors des membres du personnel (alors qu’ils payent leurs frais d’inscriptions comme les autres étudiants et n’ont pas les mêmes avantages que le personnel) est assez discutable.
Il reste de grandes interrogations sur la nature réelle de cette « consultation », vote anti-démocratique et illégitime qui ne dit pas son nom.
Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons notre position, qui est l’appel au boycott.
Les étudiant·e·s en lutte de l’Université Populaire du Sapin Nancy II
Sources :
5) Théorie de la Justice de John RAWLS pages 9 et 10 dans la partie « Démocratie et Débat Public »

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